Stages Lycéens : Quand une bonne idée finit en fiasco

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Occuper utilement les élèves de Seconde en leur faisant découvrir le monde de l’Entreprise aurait nécessité un minimum d’anticipation et de concertation de la part du Gouvernement.

La logique était inattaquable. Les lycées sont mobilisés à partir du 15 juin pour l‘organisation du BAC. Les élèves de seconde générale et technologique n’ont donc plus cours et se retrouvent en “vacances” anticipées. Nos dirigeants se sont dit : faisons-leur donc faire un stage de deux semaines en entreprise ! Çà leur permettra de voir ce qu’est montrer le monde du travail. Et de baptiser l’opération ”‘reconquête du mois de juin”. Sur le fond, la Cfdt est bien d’accord. Il faut que les jeunes découvrent la réalité du monde du travail au plus tôt, pour mieux s’y préparer.

Mais la gestion technocratique, le manque de préparation ont conduit à un vrai “capharnaüm… tellement prévisible :

  • Pendant la période de stage imposée, tous les élèves de lycées professionnels et BTS sont déjà en stage. Les capacités d’accueil des entreprises sont très limitées.
  • Les enseignants chargés du suivi des stages sont peu disponibles en ces temps d’examens.

Résultat : parmi les 550 000 lycéens concernés, beaucoup n’ayant pas trouvé de stage en entreprise se retrouvent à faire de la présence dans les Centres de Documentations. D’autres sont partis dans des administrations des mairies par exemple. Tant mieux pour eux et pour les collectivités locales souvent privées de moyens.   Mais en pratique, ce sont toujours les mêmes jeunes, dont les familles ne disposent pas des bons réseaux qui se retrouvent sur le carreau.

Michelin, c’est tout à son honneur, a accueilli un nombre conséquent de stagiaires de Seconde; souvent des enfants de salariés, d’ailleurs. On en voit malheureusement certains errer dans les bureaux sans tache précise…en attendant la fin de la journée.

Au bout du compte on aura montré aux jeunes une image négative du monde du travail… ce qui va exactement à l’encontre du but recherché. Un tel stage doit être formateur, surprenant, valorisant, faute de quoi il va nourrir chez une génération une appréhension du monde du travail, voire un ressentiment vis à vis des politiques. Quand on a une bonne idée, il faut savoir la travailler en concertation avec toutes les parties prenantes et ne pas s’engager tête baissée dans une impasse.

Laurent Bador, Délégué Syndical Central Cfdt Michelin

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