Résultats Michelin et augmentations de salaires 2025 : cherchez l’erreur

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Michelin a publié ce mercredi 12 février 2025 ses résultats pour l'année 2024, révélant une performance financière solide. Cependant, cette publication intervient dans un contexte social tendu, marqué par des négociations annuelles obligatoires (NAO) stériles pour les salaires 2025 et les fermetures des usines de Vannes et Cholet.

Un discours alarmiste mais de de bons résultats financiers

Auditionné par le Senat le 22 janvier dernier, Florent Menegaux, détaillait les difficultés rencontrées par Michelin, dues à la concurrence des pneus asiatiques ainsi qu’au coût de l’énergie et des salaires. Il a ainsi justifié la fermeture de certaines usines du groupe, expliquant que, avec de telles contraintes,  « ce n’est plus tenable ». Pourtant, Michelin enregistre pour 2024 un solide résultat opérationnel des secteurs de 3,4 Mds €, une marge stable à 12,6 % et un EDITDA (excédent brut d’exploitation) en hausse de 0.3 pts. Il a notamment bénéficié de la demande soutenue pour ses pneus haut de gamme et de ses efforts en matière d’innovation.

Des négociations salaires qui n'ont pas abouti...

Les négociations annuelles obligatoires sur les salaires pour 2025 ont été marquées par des tensions entre la direction et les syndicats. Les organisations syndicales ont exprimé leur déception face aux propositions de la direction, jugées insuffisantes au regard des résultats financiers du groupe et de l’inflation de ces dernières années. De fait, aucune des organisations syndicales n’a signé cet accord NAO 2025. La courbe des salaires Michelin par catégories, après déduction de l’inflation, ne cesse donc de décroitre :

  • Les salariés perdent du pouvoir d’achat en particulier, pour les plus basses rémunérations
  • L’entreprise tire les médianes salariales du panel de la méthode Haye vers le bas
courbes salaires

Quel partage de la richesse ?

La proposition de dividende par action est de 1.38 € par action, encore en hausse de 2,2% vs 2024, ce qui représente un taux de distribution du Résultat net de 52 %. De plus le programme de rachat d’actions est confirmé : 500 M€ sont encore prévus à cet effet sur 2 ans. Les richesses doivent d’abord aller à ceux qui créent la richesse donc les salariés. La justice sociale est que leur effort soit récompensé de manière plus importante que le non- effort des actionnaires. Et pourtant, outre la faible augmentation de salaires, les primes variables de collaborateurs et cadres seront environ moitié moindre qu’en 2024…

La déception des salariés est telle que le risque de perte de confiance envers l'entreprise n'a jamais été aussi fort. Michelin doit retrouver un équilibre entre la maîtrise de ses coûts et le respect de ses salariés. Cela passe par un renforcement du dialogue social. Ni les fermetures d’usines, ni une politique salariale atone ne sont des solutions pérennes. La Cfdt renouvelle ses propositions de dialogue pour trouver des solutions gagnant-gagnant. Il serait extrêmement dommageable qu'elles restent lettre morte.

Laurent Bador Délégué Syndical Central Cfdt Michelin

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