Rendre visible le handicap invisible
Le handicap invisible est un handicap non apparent, ce qui revient pour un individu au fail d'avoir une limitation durable de ses possibilités d'interaction sans que son entourage ne puisse aisément comprendre qu'il s'agit bien d'un handicap. C'est une notion universitaire qui aborde la distance entre ce qui est perçu par les uns et ce qui !'est par les autres dans le cadre du handicap.

Les conséquences d’un handicap invisible au travail ou dans la vie personnelle peuvent être multiples, et toutes aussi importantes et variées que celles des handicaps visibles. Dans un cadre professionnel, ces handicaps étant invisibles peuvent parfois générer une incompréhension de la part des collègues mais aussi des doutes quant à !’existence de difficultés rencontrées par la personne a son poste de travail, ce qui peut entrainer des remarques déplacées (« C’est dans ta tête », « Tu pourrais faire un effort», ou encore « Tu te cherches des excuses»).
Les maladies invalidantes (cancer, SIDA, dépression sévère, souffle au cœur, épilepsie, lombalgie, asthme…), les troubles psychiques (schizophrénie, bipolarité…), cognitifs (troubles DYS, TSA – l’autisme – , les TDAH – trouble de !’attention-) ou sensoriels (surdité, cécité … ) : derrière ces pathologies, des femmes et des hommes dont la vie professionnelle peut être considérablement perturbée, voire empêchée. La souffrance est d’autant plus forte que le poids du secret est lourd à porter. Nombre de personnes en situation de handicap invisible préfèrent le taire, par peur des préjuges, de la stigmatisation, voire d’un licenciement pour inaptitude.
Plus ou moins difficiles à déceler, ces affections incomparables entre elles autorisent le porteur à préserver leur invisibilité et, dans le cas contraire, l’environnement social à croire qu’elles n’existent pas. Cette notion d’invisibilité du handicap pointe donc l’espace entre !’expérience vécue du handicap et l’image renvoyée. Par exemple, les personnes bipolaires ou schizophrènes sont incomprises par leur entourage et peuvent passer pour des personnes fatiguées ou bizarres. Pourtant, les symptômes ont un vrai impact sur leurs vies quotidiennes.
La sclérose en plaque, qui est un handicap invisible initialement, entrant dans les maladies invalidantes, entraine une grande fatigue mais ii est incompris ou minimisé. La dyslexie, un handicap diagnostiqué depuis seulement quelques années, engendre une confusion des lettres et des chiffres notamment, ainsi qu’un manque de concentration par grande fatigue et stress. Par méconnaissance ou manque de bienveillance de !’entourage familiale ou professionnel, une incompréhension et une intolérance peuvent se produire.
LE MONDE DU TRAVAIL
Les personnes atteintes de handicaps invisibles connaissent plus de difficultés pour trouver un emploi. Le taux de chômage est deux fois plus important pour cette catégorie de la population, ii est aussi plus long (846 jours en moyenne contre 667 jours pour tout public).
Ces handicaps invisibles peuvent entrainer des conséquences importantes au travail. En effet, ils peuvent créer des tensions entre salaries. Certains salaries ne comprennent pas pourquoi cette personne est favorisée.
D’après Umanove (Consultant en RH), le handicap invisible c’est la double peine. Les personnes handicapées parlent d’un fort sentiment d’injustice, car, après un parcours de soin et de vie parfois complexes et de lourdes démarches administratives auprès de la MDPH, ii arrive qu’elles se retrouvent confrontées à des employeurs qui pensent qu’il n’y a aucun aménagement de poste ou autre adaptation à prévoir. Cela représente une difficulté tant pour la personne en situation de handicap invisible que pour l’entreprise.
Le comportement à adopter par les employeurs particulièrement lors d’un recrutement d’une personne avec un handicap invisible doit être :
1. Questionner la personne sur ses besoins (et non sur son handicap), en vue de l’aider et de la soulager au quotidien
2. Ne pas porter de jugement hâtif
3. Rester ouvert et naturel
4. Etre bienveillant
Des démarches dans les entreprises (les Accords Handicap notamment) permettent aux salaries de bénéficier de mesures ou de dispositifs spécifiques venant compenser les conséquences de la situation de handicap au travail (aménagement de poste, apprentissage d’un logiciel ou d’une technique spécifique, aide humaine, transport adapté entre le domicile et le travail, langage des signes ou vélotypie, … ).
Pour être reconnu, votre handicap n’a pas besoin d’être visible. Vos difficultés, qu’elles soient psychiques, cognitives, motrices, sensorielles, par suite d’un accident ou d’une pathologie, peuvent être prises en compte par la MDPH.
La CFDT est très attentive à ce que tous les types de handicap soient pris en compte et notamment les handicaps invisibles qui représentent 80% des personnes en situation de handicap.
CFDT Fédération Chimie Energie