Refonte des dispositifs d’épargne salariale : saison 2
Après la transformation des outils d’épargne retraite (PERCO et ART83) en leur version loi PACTE (PERCOL et PERO) réalisée en 2021, l’entreprise s’engage sur une nouvelle évolution de ces dispositifs, ainsi que du Plan d’Epargne Entreprise (PEE).
La CFDT participe activement au groupe de travail qui s’est ouvert en avril et devrait produire ses recommandations en juillet 2022. Au 2e semestre, une négociation sera ouverte destinée à ancrer dans les accords existants les évolutions proposées par le groupe de travail, qui deviendraient ainsi effectives au 1er janvier 2023. Les 2 représentants Cfdt sont déjà fortement engagés dans la gestion des fonds actuels, en étant membres de leur conseil de surveillance.
Comme précisé dans la note de l’entreprise parue début mai, 2 évolutions sont envisagées :
– Avoir un hébergeur unique (actuellement 2, avec NATIXIS pour le PEE et le PERCOL et AXA pour le PERO). Rappelons que l’hébergeur est le prestataire teneur de compte, auprès duquel sont réalisées toutes les opérations (versements, arbitrages, retraits) quel que soit l’établissement dans lequel sont placés les fonds.
– Rationaliser les fonds supports de placement et réduire une diversité de fonds pas toujours utile pour les salariés. Rappelons qu’il y a actuellement 6 fonds sur le PEE (3 gérés par NATIXIS, 3 par AMUNDI), 4 sur le PERCOL (gérés par NATIXIS) ainsi qu’un fonds à horizon, BIB Retraite (géré par la BNP), et 6 sur le PERO (gérés par AXA). Soit un total de 17 fonds différents, avec des redondances fortes de couple rendement/risque (l’échelle des risques ne comporte que 7 niveaux). Cette cible de rationalisation s’inscrit dans la volonté de l’entreprise de traduire ses engagements People et Planet dans ses choix de support d’investissement.
Le tableau ci-dessous précise le domaine concerné par le projet saison 2 et ce qui n’est pas modifié :
Une première séance de travail a eu lieu sur 2 jours les 6 et 7 avril. L’objectif était d’établir un cahier des charges et les critères de sélection en vue d’un appel d’offres adressé à tous les grands établissements bancaires de la place parisienne.
Avec plus de 750 millions d’Euros d’encours, nul doute que cet appel d’offres sera attentivement étudié.Les 2 représentants CFDT, formés à gestion de patrimoine, participent à ce travail et ils ont exprimé leur satisfaction de constater que le terme « co-construction » souvent utilisé dans la communication de l’entreprise prenait dans ce cas précis un visage concret.
Ils se sont fortement investis pour définir la structure attendue des fonds que chaque candidat devra proposer. Cette structure est caractérisée par 3 points clés :
– L’offre doit être étagée sur les différents niveaux de rendement / risque, dont la courbe ci-dessous est un exemple non contractuel :
– Les fonds comportant des obligations ou des actions auront une part croissante dans le temps de supports labellisés : low carbon, finansol, relance. Cette évolution sera progressive pour protéger les actifs des salariés : la cible est d’atteindre 100% de supports labellisés à l’horizon 2050, avec un point de départ à 20%.
Pour la CFDT, cette progressivité est importante : certains labels sont récents et doivent faire la preuve de leur capacité à égaler voire dépasser dans la durée la performance de fonds classiques. En outre, certains critères de labellisation vont très probablement évoluer avec le contexte international : l’invasion de l’Ukraine par la Russie est venue rappeler brutalement que les industries stratégiques, dont l’armement, sont nécessaires pour se donner les moyens de protéger nos valeurs et nos modes de vie.
Enfin, le sens de certains labels a été corrompu par un marketing effréné des sociétés financières et des entreprises : le label ESG est ainsi devenu si omniprésent que l’Organisation Mondiale du Commerce a parlé de « bulle ESG ». Pour la CFDT, les orientations prises doivent offrir aux salariés Michelin du sens et de la performance.
– Il est envisagé que 2 des fonds soient dédiés à une thématique en lien avec les valeurs du groupe inscrites dans la Trajectoire 2050 : la lutte contre le réchauffement climatique (sur la base des accords de Paris à +1,5°C max) et une autre thématique non encore priorisée parmi air pur, ressources durables, mobilité,… La CFDT s’inscrit pleinement dans une orientation qui permettra aux salariés qui le souhaitent de flécher leur épargne vers des thématiques ciblées.
La CFDT considère que les champs de l’épargne salariale et de l’épargne retraite sont une part importante de la rémunération globale des salariés. Elle est très attachée à ce que cette épargne soit rendue attractive par l’abondement de l’entreprise. Elle apprécie qu’une évolution visant à simplifier et à donner davantage de sens aux placements fasse l’objet d’une vraie co-construction avec les représentants des salariés.
Alain Chabanon & Denis Paccard, élus CFDT Clermont Ferrand