Peut-on communiquer librement dans l’entreprise ?
L’entreprise a organisé autour de la troisième semaine de juillet, une enquête « d’engagement ». La question posée portait sur la possibilité de s’exprimer librement dans l’entreprise.
Cette enquête nous questionne. Quel besoin l’entreprise a-t-elle de poser cette question à quelques semaines de l’enquête « avancer ensemble » et en un moment où tout une partie du personnel n’est pas présent… la logique nous échappe.
Plus troublant, la question posée est peu ou prou : pouvez-vous communiquer librement dans l’entreprise ? Faut-il comprendre que c’est un objectif, à terme, pour l’entreprise , que les salariés puissent communiquer, parler librement… sans crainte de rétorsion ?
Or dans toute structure sociale et plus encore dans l’entreprise, il faut comprendre que la communication est importante et doit être maîtrisée. Nous vous conseillons par exemple de consulter les différents niveaux de la compétence « favoriser la communication ». Vous y verrez que le niveau 5 ne consiste pas à parler librement en se basant sur la bienveillance de ses interlocuteurs mais bien à communiquer de manière stratégique pour « favoriser l’influence positive », « obtenir des objectifs précis ».
Beaucoup de salariés expérimentés connaissent des salariés très efficaces dont la carrière s’est arrêtée pour avoir trop facilement pris la parole sans autre stratégie que d’exprimer une réalité têtue contraire aux « visions » portées par leurs lignes hiérarchiques.
Dans la communication en entreprise, il est donc très important de mesurer ses propos (certains peuvent conduire à des sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement), d’appliquer des stratégies de communication – poser des questions plutôt que d’affirmer (« N’y a-t-il pas un risque de… », vous pourrez ainsi énoncer le problème sans opposition frontale.), jouer les naïfs, anonymiser les situations.
Pour « améliorer le climat de confiance », but de la démarche présentée par l’entreprise, pour la Cfdt, il conviendrait davantage de former les salariés aux enjeux de la communication et à améliorer leurs pratiques, plutôt que de suggérer qu’il est possible d’aller vers une entreprise de la libre expression. L’absence d’investissement dans ces compétences se voit. Plusieurs veilles « risques psycho-sociaux » ont révélé que la mauvaise qualité de la communication, interpersonnelle ou pas, avec une pratique de la « parole cash », est un facteur aggravant voire déclencheur de problèmes graves.
Par ailleurs le problème de la communication en entreprise est à ce point général que pour porter la parole des salariés, la loi prévoit l’existence des représentants du personnel, salariés protégés contre certaines sanctions, notamment d’expression, et des instances de consultation de ces élus. Pour tout problème, plutôt que de compter sur la bienveillance de managers dont le premier rôle est de permettre l’atteinte d’objectifs difficiles, n’hésitez pas à solliciter vos élus Cfdt, ils sauront vous conseiller et trouver la meilleure méthode pour traiter le problème.
Chris Boyer, élu CSE de Clermont