La transmission des savoirs de l’entreprise mise à mal
Dans l’objectif louable de rendre les évolutions de carrière plus fluides et plus transparentes, l’entreprise a proposé des règles de changement de poste claires et applicables à tous mais qui aujourd’hui posent des problèmes de transmission de savoir-faire et de continuité de mission.
Quand un salarié cherche à évoluer et qu’il est recruté sur un nouveau poste, son manager a 3 mois pour le libérer. Trois mois pendant lesquels il va devoir lui trouver un successeur qui ne viendra que lorsque son propre manager l’aura libéré, dans approximativement 3 mois. Ce processus a réduit drastiquement les périodes de recouvrement et pose de grandes difficultés dans les équipes où certaines personnes sont les seules dépositrices de certains savoirs qui disparaissent de l’équipe avec leur départ.
Cette tâche de s’assurer pour la bonne marche de l’entreprise, de la transmission du savoir était autrefois assurée par le service du personnel qui organisait « un jeu de chaises musicales », à savoir des départs coordonnés dans le temps. Cette coordination utile n’existe plus. Et la conservation des compétences dans un service est une des nombreuses tâches qui ont été à priori transférées du service du personnel vers les managers mais sans vérifier que ces derniers avaient les moyens de les mettre en œuvre.
Notons que ces pertes de compétences sont la source de tensions, de peur, de risques psycho-sociaux pour les équipes et les salariés à qui sont demandées des tâches pour lesquels ils ne sont pas formés.
Cette situation est d’autant plus critique que l’entreprise diminue depuis des années les ressources humaines et qu’il est très compliqué de demander à des collègues, déjà très occupés, d’être polyvalents pour assurer cette continuité et donc d’acquérir des compétences supplémentaires. Michelin doit donc déployer des ressources et pourquoi pas de l’innovation comme l’utilisation des outils digitaux, des vidéos par exemple.
Pour la Cfdt, l’entreprise doit s’emparer de la question pour y apporter une réponse. Laisser les équipes et les managers seuls face à cet enjeu vital pour l’entreprise n’est pas acceptable.
Chris Boyer, élu CSE de Clermont-Ferrand