Fatigue informationnelle : la santé mentale en péril
Chaines d’informations en continu, réseaux sociaux, messageries instantanées, e-mails… l’infobesité est source de troubles anxieux ou dépressifs.
Selon des études récentes (1), 26 % des actifs français, soit 7,5 millions de personnes, souffrent de fatigue informationnelle, une surcharge cognitive causée par l’abondance d’informations et les perturbations digitales. Ce phénomène, qui touche particulièrement les cadres (42 %) et les télétravailleurs (38 %), altère la concentration, augmente le stress et fragilise la qualité de vie au travail.

La gestion des e-mails et notifications diverses représente une part importante du temps de travail, souvent sans réelle utilité : un courriel sur deux ne concernerait pas directement son destinataire. La surcharge informationnelle, exacerbée par les réseaux sociaux, entraîne aussi une perte d’efficacité, le temps nécessaire pour se reconcentrer après une interruption étant estimé à 1 h 30 par jour. Elle crée même une forme de dépendance : la « FOMO », Fear Of Missing Out c’est-à-dire la peur de rater quelque chose. C’est d’autant plus inquiétant que l’hyper-actualité est fondée non pas uniquement sur des informations, mais de plus en plus sur de la polémique, qui a tendance à remplacer tout ce qui pouvait relever des faits.
Alors faut-il fuir un tel écosystème médiatique saturé d’informations répétitives, anxiogènes et conflictuelles ?
Près de 150 personnes, âgées de 29 ans en moyenne ont tenté l’expérience de couper leurs réseaux sociaux pendant 7 jours (2). Plus de swipe, plus de like, plus de follow. Ils ont cessé d’utiliser toute plateforme de média social. Beaucoup d’entre eux ont rapporté des effets positifs avec une humeur améliorée et moins d’anxiété dans l’ensemble. Cela suggère que même une petite pause peut avoir un impact favorable.
Chez Michelin, l’inquiétude face à l’afflux d’information est aussi palpable. Florent Menegaux recommandait d’ailleurs, en répondant à une question d’un salarié sur le sujet lors d’un récent webinaire, pour éviter l’épuisement mental, d’éviter ou tout du moins de limiter les médias et réseaux sociaux. Il considérait même que l’entreprise pouvait ou devait rester un « espace positif ».
Se couper complètement de toute source d’information induirait une perte de lien social et une moindre implication dans la société et ses mécanismes démocratiques. Mais il conviendrait par exemple, de se définir des plages horaires spécifiques pour consulter les actualités, les réseaux sociaux, les notifications, courriels…et aussi choisir des sources fiables c’est-à-dire des médias reconnus pour leur sérieux et leur objectivité.
Christophe Le Roux, élu CSE Clermont, CSEC, CGF.
(1) L’ObSoCo, Fondation Jean-Jaurès, Arte : « Fatigue informationnelle au travail : une nouvelle forme de pénibilité et 2024 septembre 2022 et « L’exode informationnel » décembre 2024
(2) Cyberpsychology, Behaviour and Social Networking, mai 2022