Loi Climat : une prise en compte encore trop faible dans les entreprises…
La loi Climat (1) intègre l’environnement dans les prérogatives des CSE. Ce n’est encore souvent qu’un vœu pieux.
Le CSE devrait être impliqué dans l’évaluation des risques environnementaux, le suivi des indicateurs de performance et la sensibilisation des salariés. C’était une revendication ancienne de la Cfdt, reprise par la Convention Citoyenne pour le Climat.
Mais force est de constater que le dialogue social environnemental reste un sujet très marginal chez Michelin. Les documents remis par l’entreprise lors des consultations sont très succincts. Parfois même résumés en une phrase lapidaire « l’impact carbone du projet est négligeable ». Seule avancée notable, l’introduction de critères environnementaux dans l’intéressement. Ne parlons pas du Rêve, à peine concrétisé par quelques spectaculaires talk-shows. De son côté, l’équipe dirigeante actuelle du CSE ne propose aucune action pour que les salariés participent à la transition écologique de l’entreprise
Un espoir : l’Accord National Interprofessionnel
Pourtant ça bouge au niveau national. Trois organisations patronales ont conclu un accord avec la Cfdt, la CFTC et FO. Il donne une vision globale des enjeux économiques, sociaux et environnementaux -avec 3 axes de travail :
- Identifier des leviers de changements et lancer des actions concrètes, réalistes, accessibles, opérationnelles à court, moyen et long terme…
- Faire des points réguliers en CSE sur la politique environnementale de l’entreprise, former les représentants du personnel…
- Intégrer les enjeux environnementaux dans les négociation collectives : plan de mobilité par exemple…
Cet accord constitue un événement . Il démontre que le dialogue et l’écoute entre partenaires sociaux, même au cours d’une période de tension sociale, ça marche !
Des risques psycho-sociaux si rien ne bouge
Si 77% des actifs se déclarant préoccupés par le changement climatique désignent majoritairement l’État comme l’acteur qui devrait agir, 50 % citent aussi les entreprises (2). Dans plusieurs entreprises, des salariés ont monté des collectifs ou des groupes de travail afin d’accélérer la transition écologique et sociale. C’est le cas chez Michelin avec One Planet. Est-ce suffisant face à l’urgence climatique ?
Une vague de diplômés de grandes écoles appelle plutôt à déserter, estimant que le problème réside dans le système. Mais démissionner d’une entreprise parce qu’on n’est pas en accord avec ses valeurs, ce n’est pas possible pour tout le monde. Quand on a une famille, un emprunt… Un salarié ressentant une dissonance cognitive à l’intérieur d’une entreprise qui lui donnerait le sentiment d’être figée en matière environnementale perd rapidement sa motivation. Le silent quitting comme disent les anglo-saxons est une forme de démission.
Le CESE (3), dans une étude d’avril 2023, note que les plus importantes limites de l’engagement restent le manque de volonté de l’employeur. Beaucoup d’entreprises font passer la rentabilité et la profitabilité avant tout et ne se projettent pas assez sur le long terme.
Jean-Dominique Senard, co-garant des Assises du travail, a bien décrit le moment que nous vivons « il faut entrer dans le concret et l’action. L’attente individuelle très forte et le peu d’action du collectif est un vibrant appel à agir. Cette analyse rappelle l’impact du dérèglement climatique sur les conditions de transport, la qualité et la santé au travail, les risques psychosociaux.»
Christophe Le Roux, élu CSE Clermont, CSEC et Comité Groupe France
(1) Egalement connue sous le nom de Loi pour la lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience face à ses effets
(2) Enquête « Le travail en transitions », réalisée par l’Institut Elabe pour l’Unedic,
(3) Conseil Economique, Social et Environnemental, troisième assemblée de la République, conseille le Gouvernement et le Parlement et participe à l’élaboration et à l’évaluation des politiques publiques.
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