Développement personnel ou bien-être organisationnel
Avec le développement des compétences comportementales dites soft-skills, Michelin s’inscrit dans un courant managérial dont l’aboutissement serait le bonheur au travail.
L’entreprise ne fait que suivre une mode originaire des Etats-Unis, pays des self-made men et de la pensée positive qui va jusqu’à prétendre à l’existence d’une « science du bonheur ».
Pour les promoteurs de la psychologie positive, il serait en effet possible de trouver du sens et du bonheur dans son travail, dans un environnement où il fait bon vivre en étant « acteur de sa carrière ».
Effectivement, une occupation passionnante et rémunératrice peut être émancipatrice et être catégorisée socialement comme un travail. Mais la grande majorité des personnes ne travaillent pas pour être heureux : ils n’en n’ont ni les moyens, ni le choix ; le travail est pour eux une activité simplement rémunératrice.
Les programmes de type « Je suis Michelin » peuvent être considérés comme une instrumentalisation des émotions des salariés dans le but d’optimiser non pas leur bonheur mais leur productivité.
De fait, il difficile de résister à une telle injonction : qui n’a pas envie d’être heureux au travail et qui peut sans risque dire dans l’entreprise « désolé, non je ne suis pas Michelin, je suis salarié Michelin » ?
Dans ce système, l’échec même temporaire est totalement imputé au salarié qui aura été inefficace dans la gestion de sa carrière.
En conséquence, il arrive que les résultats de l’enquête avancer ensemble, ne soient pas analysés comme le résultat des actions de l’entreprise mais comme la résultante d’équipiers « pas assez engagés », « pas positifs », « trop exigeants ».
Il ne faut pas inverser causes et effets, l’épanouissement professionnel dépend d’abord des conditions du travail, de la charge, des moyens donnés, du droit à l’erreur… de l’équilibre entre les ressources et les contraintes de chacun.
Chris Boyer Elu CSE et CSEC
cfdtmichelin.com