Le BURN-OUT…
La Cfdt a reçu le récit d’une salariée Michelin arrêtée pour burn-out, qu’elle a accepté de partager. Il a valeur de témoignage et d’avertissement. Le burn-out ne doit pas être minimisé : à ne pas vouloir s’arrêter en espérant se remettre, on peut aller jusqu’à la destruction totale du cognitif – sans aucun retour en arrière. N’hésitez pas à consultez la médecine du travail, votre médecin ou en discuter avec un de vos représentants Cfdt…
Le BURN-OUT…… ET SI ON OSAIT EN PARLER ?
Témoignage spontané d’une salariée
Comme plusieurs j’imagine, je connaissais, de près ou de loin, dans mon entourage professionnel, une ou plusieurs personnes absentes de leur poste depuis plusieurs mois pour cause de Burn-Out.
J’avais beaucoup d’empathie pour ces personnes, en souffrance, mais ne savais finalement que très peu de choses sur cette maladie…jusqu’à ce que… j’y sois moi-même confrontée.
Moi ? Une personne si engagée dans son travail, si solide comme un roc, si forte, indestructible au dire de plusieurs de mes collègues…moi, victime d’un Burn-Out ????
J’ai réalisé que je me sentais bien seule face à ce qui m’arrivait et surtout j’avais le sentiment d’être l’UNIQUE responsable de ma situation.
L’entreprise ne communique jamais sur le Burn-Out de ses salariés, ne donne aucun chiffre, aucune information sur cette maladie. Secret médical ? discrétion ? Pudeur ? Respect de l’intimité de la personne ? …
A croire que prononcer le mot « Burn-Out » est tabou, synonyme de malédiction…et pourtant…Le Burn-Out n’est pas une maladie honteuse !
C’est un moment difficile et douloureux de la vie, toujours trop long mais on n’en meurt pas et surtout…ce n’est pas contagieux !
Le Burn-Out ou Syndrome d’Épuisement Professionnel (SEP) est présent dans toutes les entreprises dont…la nôtre MICHELIN alors pourquoi ne pas en parler ?
Il m’a fallu près de 3 mois pour apprendre, comprendre et surtout accepter mon état…épuisement physique mais aussi psychologique et émotionnel.
Au début, je pensais que c’était un gros coup de fatigue et qu’il me fallait juste quelques jours de repos pour repartir « au combat » …mais je ne suis pas repartie…
Alors parce que j’aurai aimé être prévenue, parce que vous aussi vous pouvez y être confrontés, je vous propose de faire la peau » à quelques fausses croyances sur le sujet :
1 – Le Burn-Out touche plus particulièrement les personnes fragiles, faibles, qui ne tiennent pas le choc
FAUX
Au contraire, le Burn-Out touche les profils type « bon soldat » ou « bon élève »
Ceux pour qui le travail est une valeur très forte, pour qui l’action est importante.
Ceux qui sont consciencieux, engagés, fiables, appliqués, investis, courageux, qui ne ménagent pas leurs heures (y compris soirs et we)
2 – Le Burn-Out concerne les personnes assistées, qui veulent profiter du système
FAUX
La plupart des personnes en arrêt maladie pour Burn-Out ne se sont jamais arrêtées auparavant. Aller au travail est inscrit dans leur gênes, leurs valeurs. Coute que coute il faut y aller, quitte à tirer sur la corde jusqu’à…ce qu’elle se casse.
3 – Le Burn-Out concerne les personnes qui ne supportent pas la pression, le stress
FAUX
Au contraire, les personnes ont supporté un stress/une pression très, très…trop longtemps jusqu’à tomber, épuisées.
4 – Le Burn-Out est une dépression
FAUX
La personne en dépression a une perte totale d’intérêt et de joie de vivre qui s’étend à TOUTES les sphères de la vie (professionnelle, familiale, amicale).
Son souci principal est la TRISTESSE.
Une personne en burn-out a généralement encore de l’enthousiasme, de l’envie, de la motivation pour ce qui ne touche pas au travail. Cependant, elle a épuisé ses ressources et son épuisement l’empêche d’agir, de faire.
Son souci principal est la FATIGUE (physique, mentale et/ou émotionnelle).
Quelqu’un de dépressif n’a pas envie de retourner travailler alors qu’en Burn-Out, la personne veut coute que coute revenir travailler au plus vite.
5 – Le Burn-Out concerne des personnes qui ont des problèmes personnels
FAUX
Cette croyance permet à l’entreprise (managers, collègues, service du personnel…) de ne pas se remettre en cause.
En réalité, le Burn-Out est la conjugaison d’une personnalité ET d’un contexte professionnel. L’entreprise a donc une part de responsabilité.
Aujourd’hui je m’interroge …Pourquoi ai-je été jusque-là, jusqu’à porter atteinte à ma santé ? Pourquoi ne pas avoir dit STOP avant ?
Si moi, mon manager, mes collègues, le service du personnel, avions été mieux formés, informés sur le burn-out ; alors, peut-être que j’aurais su dire STOP ? Peut-être que j’aurais su refuser une charge de travail et une charge mentale trop élevée ? Peut-être que j’aurais demandé et obtenu du soutien ? Alors peut-être que mon manager aurait vu les symptômes précurseurs à mon Burn-Out et agit pour ma santé ? Peut-être que mes collègues auraient pu alerter manager ou service du Personnel pour agir avant que je ne m’effondre ? (Notes de la Cfdt : Les signes précurseurs au burn-out : Un état de fatigue constant non soulagé par le repos, difficulté à trouver du sens au travail, performance réduite au travail (difficulté de concentration, à gérer le stress), troubles de l’humeur, trouble du sommeil, symptômes physiques (maux de têtes, de dos, ventre, problème de peau)
Notre entreprise prône le Bien-Etre et la Qualité de Vie au Travail, partie prenante de l’épanouissement des salariés. De nos jours, cela ne dépend plus uniquement du job en lui-même mais aussi de tout l’environnement autour. De nombreux éléments pèsent dans la balance :
· Les conditions de travail,
· Les relations avec les managers (N+1, N+2, etc…), les collègues, les partenaires,
· Une charge de travail toujours plus importante et qui empiète un peu plus chaque jour sur sa vie personnelle (travail le soir, le WE, suppression fréquente de la pause déjeuner…)
· Les nouvelles organisations récentes et à venir,
· La promotion permanente de la performance, de la productivité, de l’agilité, etc …
· La mise en concurrence des individus,
· L’incapacité à prioriser,
· Les ressources contraintes et les délais toujours plus courts,
· La précarité et la crainte de l’avenir avec des projets de réductions des effectifs… génèrent un stress chronique qui finit par ne plus être supportable.
Faire de l’information et de la prévention sur le Burn-Out doit faire partie des actions à mener dans ce cadre. Sortons du silence et osons parler de cette maladie pour mieux s’en préserver.
Parlons-en, partageons les expériences, les connaissances, appréhendons les situations à risques, faisons intervenir des spécialistes (médecins, psychologues du travail, etc…) , faisons témoigner des personnes ayant vécu un Burn-Out pour informer/former les managers, les membres de SP, de la médecine du travail, mais aussi tous les employés afin de détecter, anticiper et surtout traiter les situations à risques AVANT qu’elles ne soient fatales à l’un d’entre nous !
Le Burn-out
C’est la rencontre d’une personnalité ET d’un contexte professionnel
Ça n’arrive pas qu’aux autres
Ça arrive très très vite
Ça prend du temps pour s’en relever et cela peut laisser des séquelles
Ce n’est pas une fatalité